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Dans la tradition des Zapotèques de Oaxaca, Mexique, les défunts ne sont jamais mis à part des vivants.
Leur présence dans l’histoire et la tradition n’ont fait qu’augmenter au fil du temps pour être à son apogée durant la période Postclassique.
Aujourd’hui, certaines familles, surtout de la campagne, ont encore des autels permanents pour leurs défunts. Mais c’est surtout au moment de la fête du "Jour Des Morts" (dia de los muertos) que cette tradition est la plus visible.
Le témoin le plus visible de cette relation est probablement la présence des tombes dans les résidences Zapotèques préhispaniques.
A travers la longue histoire de la culture Zapotèque de Oaxaca, nous retrouvons toujours des maisons constituées de pièces entourant un patio. C’est au centre de celui-ci qu’était construite la tombe familiale.
Selon la tradition, tous les dirigeants de la famille étaient enterrés dans ces tombes. A chaque nouveau décès, on écartait les os et offrandes du défunt précédent pour déposer le nouvel occupant. C’est ainsi que l’on peut se retrouver avec de nombreux dépôts dans une même tombe.
Les autres membres de la famille (en particulier enfants et adolescents) étaient enterrés sous le patio ou sous les pièces, dans de simples fosses.
Nous avons pu observer lors des fouilles archéologiques, en particulier celles de Xaaga, que lorsqu’une famille déménageait, elle emmenait les ossements de ses ancêtres. Nous avons donc découvert des maisons avec des tombes vides, et d’autres où l’ensemble des corps était déposé au même moment dans des fosses.
Vous verrez des exemples de tombes localisées dans des patios de maisons Zapotèques en particulier à Monte Albán et à Lambityeco. Dans les deux cas, il s’agit d’exemples de la période Classique.
Pour la période suivante, Postclassique, on peut nommer Yagul, Mitla et Zaachila, même si ces sites archéologiques montrent un contexte un peu différent. Les secteurs fouillés et visitables par le public sont des zones publiques ou appartenant à l’élite. Nous sommes donc dans une ambiance un peu différente de la résidence commune.
Il semble que la croyance et la relation avec les ancêtres ont toujours été présentes dans l’histoire de la culture Zapotèque.
Mais jusqu’à la période Postclassique, il s’agit d’un culte secondaire, la préférence allant aux dieux, même si certains édifices religieux de Monte Albán, par exemple, pourraient être reliés à un personnage important.
Le témoin important de la période Classique peut être le site archéologique de Lambityeco.
Vous pourrez y voir une des étapes de construction du Monticule 195. Il s’agit d’une résidence Zapotèque avec une tombe au milieu de son patio.
La tombe 6 montre des sculptures des visages de deux ancêtres de cette famille sur le linteau de la porte. Il s’agit du "Seigneur 1 tremblement de terre" et de la "Dame 10 roseau".
Autre partie essentielle, l’autel du patio dédié aux ancêtres. Il n’existe plus que la partie basse de cette décoration Zapotèque. Il montre des représentations et des glyphes nommant les différents ancêtres de cette famille.
On identifie sur le mur nord le "Seigneur 4 visage humain" et la "Dame 10 singe" qui auraient occupés l’étape du palais de Lambityeco la plus ancienne (600-625). Sur la frise du mur sud, on reconnaît le "Seigneur 8 hibou" et la "Dame 3 turquoise" qui vécurent dans la seconde étape palatiale de Lambityeco (625-650).
Au-delà de cette démonstration de l’importance des défunts, l’autel nous montre l’importance des ancêtres dans la justification de la place dans la société. Certaines de ces représentations montrent le personnage tenant lui-même un os humain, en particulier le fémur, dans la main. Les ossements semblent donc importants pour justifier son rôle, hérité des ancêtres et démontré par la possession des ossements.
Nous supposons qu’il en est de même pour justifier la propriété, que ce soit d’une résidence ou de terres, et que c’est pour cette raison que les familles ne laissaient pas ses défunts derrière elles lors d’un déménagement.
Au cours du Postclassique, les dieux laissent largement la place aux ancêtres. Chaque dirigeant politique développe et met en avant sa généalogie qui justifie sa place au sein de la nouvelle société. Nous retrouvons ce fait illustré dans les codex par exemple, mais aussi sur certains sites archéologiques.
Nous sommes actuellement toujours en discussion pour déterminer si nous devons voir les défunts comme des intermédiaire entre les vivants et les dieux, afin de plaider leur cause, ou s’ils sont une unité a part, avec un culte indépendant.
A Zaachila, vous pourrez voir des tombes Postclassiques construites dans une résidence classique, édifiée prés des monticules religieux.
C’est probablement ce côté sacré qui a poussé à l’élection de cet endroit pour l’élaboration de ces tombes. L’une de ces tombes montre le symbole de la chouette, lié au mort, et un étrange personnage volant avec une carapace de tortue, qui représenterait un ancêtre.
Pour le site archéologique Zapotèque de Yagul, nous avons un cas particulier. Bien sûr, sur ce site de la période Postclassique, il existe des tombes dans les résidences. Mais lors de votre visite, vous ne verrez que des édifices publics et le palais.
Pour l’instant, Yagul est le seul site connu des vallées centrales de Oaxaca possédant des tombes dans un contexte religieux, c’est-à-dire sur les pyramides et dans les patios associés. De plus, ses deux ensembles palatiaux (Patio 1 et Palais des 6 Patios) comportent des tombes, mais leur dépôt n’est pas classique, puisqu’il s’agit d’ossuaire.
Ces observations ont été très importantes dans la compréhension de la période Postclassique. Mais pour l’explication, lisez ma thèse ou faites moi signe :)
Cependant, le meilleur exemple de site reste Milta dont le nom même signifie "ville des morts". Son grand prêtre, le Vuijatao, avait, selon les textes espagnols de l’époque, la faculté de parler avec les morts, et en particulier avec les défunts rois.
Grâce à cet intermédiaire, il pouvait régler les conflits entre les rois des différentes cités-états de Oaxaca. Il donnait de nombreux oracles et les espagnols le comparèrent même au Pape.
Sur le site, vous pourrez voir les tombes cruciformes du groupe des colonnes ou auraient été accumulés les restes des grands rois Zapotèques.
Sans entrer dans le mysticisme, la relation des Zapotèques et des Mexicains avec la mort ont inspiré a EmmanuelleGuyon une série de bijoux sur « dia de muertos », ou jour des morts.
Bien sûr, il y a l’intérêt archéologique et historique. En tant qu’archéologue, c’est toujours un sentiment particulier de trouver et fouiller une tombe préhispanique. Chaque élément découvert nous permet d’en apprendre un peu plus de leur lien avec la mort et leur ancêtre : l’architecture, les peintures, les dépôts…
Mais ce qui nous touche le plus, c’est la culture du souvenir. Dans notre culture, il est souvent difficile de remonter nos souvenirs sur plusieurs générations. On a souvent oublié comment était la vie de ceux qui d’avant nos grands-parents…
Ici, on rappel au souvenir les histoires de la famille sur plusieurs générations, et on les transmet. Le rappel de cette mémoire est parfois important pour savoir qui on est, les difficultés qui ont pu être vécu avant nous, les petites blagues du papi qui perdurent dans le temps... Personne ne tombe dans l’oubli.
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Thèmes associés à l’importance du culte des ancêtres dans la culture Zapotèque, Oaxaca, Mexique
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