Même s’il s’agit de la période préhispanique la plus récente, c’est l’une des moins bien connues de l’histoire des Zapotèques.

En effet, nous passons de la chute de la capitale Zapotèque, Monte Albán, en 800 à un ensemble de Cités-Etats vers 1200, sans comprendre ce qui se passe entre les deux ou comment s’est formé ce nouvel ordre politique de la société Zapotèque.

C’est en fait ce manque de connaissance de cette période qui suggéra l’idée de conquête Mixtèque que vous retrouverez encore courament dans la littérature historique ou archéologique de Oaxaca.

On considérait alors que les Mixtèques avaient rapporté ce modèle de société dans la vallée de Oaxaca (apres un vide culturel de 400 ans quand même).

Restructuration politique et sociale : La phase Liobaa (800-1200)

Cette page de l’histoire Zapotèque aurait donc été une époque vide, où l’on perd la trace de la population...

En fait, cette idée tient surtout à une mauvaise connaissance du matériel. Il est vrai que la phase montre des difficultés aussi bien démographiques, économiques et culturelles (allant jusqu’à la perte de l’écriture), mais elle montre parallèlement, et au moins pour l’heure sur le site de mon étude, Yagul, un très grand dynamisme et tout un processus de récréation de la société Zapotèque qui débouche sur le modèle de Cités-Etats.
Grâce aux travaux réalisés au sein de l’équipe, nous avons pu déterminer et reconnaître la céramique de cette période creuse.
Au delà, nous nous sommes aperçus que certaines de ces cités-Etats existaient déjà à la période Classique (Yagul, Mitla, Zaachila, Cuilápam,...).

Contrairement à ce qui était imaginé, suite à la chute de la capitale Zapotèque, Monte Albán, toutes les cités ne furent pas abandonnées, certaines survivent, et donc, les Cités-Etats ne font pas une apparition "spontanée". Elles résultent d’un long processus.

Ce constat indique qu’il n’y a pas eu de grosse rupture. Face aux difficultés, soit les élites de la capitale sont retournées vivre dans les centres plus petits et plus gérables, soit certains ont profité de la brèche pour prendre le pouvoir dans de petites localités.

Les cités-Etats : La Phase Chila (1200-1521)

Dans tous les cas, nous observons donc pendant la phase Chila l’existence d’un ensemble de Cités-Etats Zapotèques indépendantes les unes des autres.

Nous notons grossièrement une réorganisation totale du pouvoir autour de deux tendances : certains dirigeants semblent s'orienter vers un type de pouvoir autoritaire avec des "rois", d’autres utilisent la religion à leur profit comme à Mitla.

Le site de Mitla était dirigé par le "grand prêtre des morts", un aspect très important encore aujourd’hui dans la culture. Il avait le don de communiquer avec les morts et traduisait leurs ordres aux vivants qui bien sûr ne pouvaient refuser.

Un autre fait intéressant est que le culte des dieux disparaît presque complètement au profit du culte des morts. Même si nous avons la trace de leur culte, il semble relativement secondaire.

Nous sommes toujours en discussion pour définir si ces défunts étaient des intermédiaires entre les hommes et les dieux Zapotèques ou s’ils faisaient l’objet d’un culte particulier.

Peut-être le peuple a-t-il perdu confiance en ses dieux et a recherché une entité plus proche d’eux, ses propres ancêtres.

Pour l’élite, le culte des ancêtres permet de justifier son rang, et certains vont même jusqu’à dire qu’ils descendent de dieux.

Pour la population, garder les ossements de ses ancêtres permet de justifier la propriété. Les corps sont donc toujours très proches (souvent sous la maison ou dans la cour) et suivent les vivants dans leurs déplacements.

La période est souvent considérée comme un retour à la civilisation, après les années troubles de Liobaa.

Nous avons en effet une retour à l’écriture avec les Codex et plus de luxe dans l’architecture et dans les céramiques, notamment polychrome. Mais ceci ne signifie pas qu’il ne s’est rien passé antérieurement.

• La période antérieure : Le Classique

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